AH NON! PAS LE PREMIER SOIR!

📷Petit texte interdit aux moins de 16  ans:  LES ENFANTS ALLEZ SAGEMENT  A L'ECOLE ET JOUEZ AUX LEGOS!

S’il y a bien un grand dilemme des premières rencontres amoureuses, c’est bien le « quand vais-je faire Monsieur passer à la casserole ? »

            Au détour du tournoi de dominos dans laquelle tu concoures en catégorie « expert », tu croises les yeux chocolat pistache de Carambar, un bel inconnu qui ose défier ta faculté incroyable à frapper 2coups secs de honte de dire «boudé ».

            Une fois le tournoi remporté (simple formalité !), tu te pavanes fièrement dans les rues du bas du bourg avec tes lots : ta poul-si-pyé et ton billet Express des îles Pointe-à-Pitre/Les Saintes.

            C’est le moment crucial où Carambar vient t’accoster pour te féliciter de ton exploit.

            Un mot engendrant un autre, tu te rends immédiatement compte que le très séduisant  Carambar a lui aussi très envie de te revoir dans un endroit autrement moins bondé que la fête patronale d'Anse-Bertrand.

            Rendez vous accepté. Romantique, Il t’emmène manger un bokit à la morue avec un petit ordinaire en boite pour faire descendre l’arête qui est resté coincée dans ta gorge.

            Une fois restaurée, il te propose de finir la soirée chez lui en tête à tête autour d’une petite citronnelle fraîchement cueillie de son jardin.

Et la : ………Carambar, euuh, comment te le dire.…… Ben désolée………. Pas avant le mariage……… ……

Pourtant c’est pas l’envie qui te manque d’aider Carambar à digérer son agoulou complet à coups de sport intensif, mais la, la petite Carambole sage perchée sur ton épaule te dit : « ah noooon, tu ne vas pas quand même pas dire oui le premier soir quand même ! »

Tchiiiipp !!!!

C’est toujours le même problème !! (Qui se pose d’ailleurs les 5 /6e du temps uniquement à nous les femmes !)

Les mêmes questions qui défilent à vitesse V dans nos têtes :

-        Suis-je psychologiquement prête à assumer de passer pour une cochonne ? -        Est-ce qu’il va me respecter après ça? pourra-t-il me considérer comme la future mère de ses enfants ? -        Quel est le bon délai avant d’écarter les cuisses ? -        Vais-je passer pour une fille facile ?  

Souvent, les réponses arrivent aussi vite que les questions elles-mêmes :

-        Ben oui, au cathéchisme, le père, il a dit que ce n’était pas bien de forniquer. -        J’ai pas envie de passer pour une fille facile, parce que je suis au contraire, moi môssieur, je suis une femme très respectable !! -        Les hommes, c’est bien connu, ce qu’ils préfèrent c’est la chasse, et non la dégustation, alors il risque de ne plus vouloir combattre le 2e round s’il m’a mis K.O. dès le 1er !

            Toutes ces réponses existentielles (qui mènent tous à la même réponse : NON !) ne tiennent en aucune façon de la manière dont la relation a été instaurée dès le début.

Juste avant la «  Première fois », il y a la « Première rencontre », qui pose souvent le décor de ce qui va se passer par la suite.

            Une rencontre dans un contexte professionnel, dans un cercle amical ou familial, hors excès de rhum vieux, de punch cacahuète ou de cannabis, a quelque chose de plus formel et posera quand même davantage la question du « je dois me montrer respectable car nous sommes dans MON cercle privé, avec un homme qui ne doit pas avoir une mauvaise opinion de moi».

            La réponse à la question fondamentale: « Tu m’accompagnes ?» se devine d’elle-même : « Laisse tomber, je suis imbaisable en ce jour saint ! »

             Une autre rencontre en soirée où l’ambiance est plus à la « chasse à l’homme jetable» et pas spécialement  la « chasse au futur mari », avec un peu de désinhibition liée à la consommation de champagne sera certainement moins propice aux questions existentielles, et facilitera le travail.

            Mais attention, pas de conclusions hâtives ! Rien n’est figé, et la première fois ne détermine pas forcément la suite des événements.  Le tout est de savoir, l’un comme l’autre, ce que l’on attend mutuellement de cette nouvelle relation.

            Certains hommes, quelque soit l’endroit de la rencontre, n’auront pour but ultime que la conclusion horizontale de la négociation verticale. Parmi eux, (les plus affamés) certains seront cash et diront franchement que ce qu’ils apprécient le plus chez toi n’est certainement pas ton dévouement extrême pour les enfants unijambistes du Kosovo, mais ton généreux postérieur et la profondeur de ton décolleté.  

            Une fois le but dévoilé, soit ça passe et tout le monde est content, soit tu l’envoies paître et il s’en ira chercher sans regret aucun une autre fille consentante.

            D’autres (les plus braconniers), de plus en plus futés (à croire qu’ils se consultent entre eux !) ont maintenant compris comment séduire même la plus frigide et religieuse d’entre nous. Ils s’adaptent à leur proie et lui servent  sur un plateau d’argent tout qu’elle a envie d’entendre (chui chui, je t’aime, chui chui, je veux faire ma vie avec toi)…. Tout ça pour attendre la conclusion après le 253e RDV et après s’éclipser et s’acharner à conquérir une autre gazelle.

            Un autre, rencontré en soirée 100% zouk Rétro au Shiva, avec qui on aura conclu dès le premier soir, se retrouvera encore collé à nous des dizaines d’années plus tard en amoureux transi.

En gros, pas de réponse toute faite! coucher le 1er soir, le 2e, le 3 ou le 100e, n’est certainement pas une garantie de longévité ou de complicité du couple. Question de feeling et d' harmonie entre deux personnes consentantes, c’est tout…

            Nous les femmes d'aujourd’hui, sommes quand même dans une ère de presque-libération sexuelle où, plus personne (ou presque) ne s’étonne de nous voir prendre en main nos carrières, nos familles et aussi nos envies.  Mais quand même ! Jamais nous n’aurions eu à l’idée de sortir d'un magasin de chaussure avec une paire sans l’avoir au moins enfilée une fois!  Et quel regret de perdre un temps si précieux en chui chui et divers tortillons de culs pour qu’au final, le ramage ne se rapporte pas au plumage !

            Finalement, nous inversons parfois les rôles en dirigeant nous même  le jeu de séduction. Et à nos hommes de nous dire, effarouchés : « Ah, non, tu me prends pour un objet sexuel ou quoi ?!!! Je ne suis pas un homme facile ! »

K.D.